Entrer au Palais de Tokyo, un mardi. Étrange rituel : portes closes, effluves suspendues. Il faudra patienter jusqu’au lendemain. Cette fois, dans ce temple du contemporain avenue du Président-Wilson à Paris, on ne se contente plus de regarder l’art. On le hume, on le suit à la trace. Du 29 octobre au 23 novembre 2025, quelque chose d’indicible flotte entre ces murs : l’exposition « Parfum, sculpture de l’invisible » s’installe et fait frissonner les narines parisiennes.
Quand le parfum sort du flacon
Certains parfums hantent, d’autres font tourner les têtes. Mais ici, fini le flacon bien rangé sous verre : cette exposition bouscule toutes nos certitudes olfactives. Orchestrée par Francis Kurkdjian (le nom a déjà un sillage de vanille créative), elle oublie les simples vitrines pour convoquer œuvres patrimoniales, installations olfactives, objets improbables, inventés ou revisités. Tout est permis, tant que ça chatouille le nez.
Kurkdjian n’est pas seul à tirer les ficelles invisibles. Sophie Calle, toujours prête à brouiller nos repères émotionnels ; Cyril Teste qui installe ses drames éthérés ; Christelle Boulé, photographe des mystères visuels des senteurs ; et Klaus Mäkelä, chef d’orchestre pour nez avertis. Chacun ajoute sa folie sensorielle. Qui mène la danse ? Parfois la muse, parfois la molécule.
- Œuvres patrimoniales interprétées autrement
- Installations immersives pour perdre pied
- Objets parfumés inédits
- Collaborations transdisciplinaires détonantes
Un parcours multisensoriel pour dérouter les habitudes
On avance dans des couloirs où l’air semble saturé d’histoires secrètes. Certains visiteurs ferment les yeux, persuadés que voir empêche de sentir vraiment. Ici, chaque œuvre donne la réplique à une autre : une photographie répond à une senteur, une installation vibre d’émotion, une note musquée bouleverse l’atmosphère. C’est presque une enquête invisible, sauf qu’à la fin, personne ne sait s’il a trouvé la solution ou simplement perdu la tête dans le tourbillon d’odeurs.
Ce n’est plus seulement un art contemplatif. Dès l’entrée, le visiteur devient cobaye volontaire. Voulez-vous toucher le mystère, renifler la mémoire, expérimenter ce que cela fait quand un vieux bouquet surgit dans la pièce ? On ressort changé, légèrement méfiant envers son propre parfum du jour. Peut-être rassis, peut-être révolutionnaire. L’expérience dépasse le simple regard.
| Date | Animation | Participants |
|---|---|---|
| 29 octobre | Visite commentée | Commissaire Jérôme Neutres |
| 30 octobre | Table ronde & performances artistiques | Francis Kurkdjian, artistes invités |
| Plusieurs dates | Conférences, master class, ateliers | Créateurs, spécialistes, public |

Créer avec le nez : expériences, discussions et révélations
La tentation du parfum ne s’arrête pas à la traversée muséale. Pendant un mois, la programmation culturelle joue les prolongations. Conférences pour rêver chimie et art, master class pour ceux qui veulent mélanger la rose et le hasard, ateliers prometteurs ouverts aux apprentis nez ou amateurs chroniques. Toujours une idée piquante : repenser ce médium invisible longtemps ignoré dans les musées. Soudainement, il devient star.
Les conversations prennent un nouveau ton. Le parfum s’impose comme matière à penser : ni luxe frivole, ni simple souvenir d’enfance. Un peu chimie, beaucoup fascination. Historiens, artistes, critiques s’y penchent sans retenue, armés de petits flacons mystérieux et d’arguments acérés. Les gestes reviennent souvent : humer l’air pour mieux comprendre. Regarder le monde comme s’il suffisait de fermer les yeux pour en capturer les contours.
Pourquoi ce parfum fascine-t-il autant les artistes ?
Le parfum reste insaisissable, difficile à archiver. Il file, il transporte. Les artistes s’en font l’écho, utilisant ce matériau volatil pour parler d’absence, de présence diffuse ou de souvenirs obsédants. D’un côté, il mêle le passé immobile d’une œuvre ancienne au présent fugace d’un geste créatif. De l’autre, il invite chacun à devenir son propre critique, armé uniquement de son odorat – jury impitoyable et imprévisible.
Et puis il offre au visiteur une parenthèse enchantée. Respirer ensemble, rentrer chez soi avec ce doute élégant : « Sentais-je hier autre chose, ou ai-je rêvé toute cette histoire d’exhibition parfumée ? »
Comment participer à l’expérience immersive ?
Rien de compliqué. On choisit sa date, entre le 29 octobre et le 23 novembre 2025. On évite le mardi : derrière la porte close, même le parfum prend congé. Sur place, on profite d’animations variées réparties sur plusieurs créneaux. Tous les jours de midi à tard (22h, voire minuit le jeudi pour les amoureux du soir). Quelques conseils pour prolonger la magie sans migraine : prendre son temps, suivre son nez, écouter les artistes, oser être surpris. Personne ne repart indemne, mais tout le monde gagne un frisson supplémentaire.
Au final, le Palais de Tokyo propose bien plus qu’une expo : une initiation légère au vertige invisible. Un jeu où chaque respiration devient acte créatif, parfaitement inutile, donc essentiel. Paris 16e, octobre-novembre : prévoir un manteau, oublier son déodorant, apporter sa curiosité… et peut-être un mouchoir, d’émotion.

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